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DJIHADISTES, IDENTITAIRES, RÉACS: ENQUÊTE SUR UNE GÉNÉRATION FRACTURÉE.

Dernière mise à jour : 1 août 2019

Le Forum du Futur et Culture-Tops ont été heureux de recevoir

Alexandre DEVECCHIO


Essayiste, journaliste et cofondateur et animateur du site FigaroVox._____   En relation avec la parution de son dernier livre, Les nouveaux enfants du siècle - Djihadistes, identitaires, réacs - Enquête sur une génération fracturée  Cette Rencontre fait partie du cycle des Eclaireurs du Futur, une initiative Forum du Futur et Culture-Tops, en partenariat avec la Société d’Encouragement pour l’industrie nationaleSynopia et Atlantico.Animée par Bertrand Devevey, elle a réuni plus de 60 personnes à l'Hôtel de l'Industrie, le  28 mars 2017 2017.



EXTRAITS :


"La génération qui fera le monde de demain est née au moment de la chute du mur de Berlin, en 1989. C’est elle que j’ai voulu explorer dans ce livre.

On avait promis à cette génération d’être la génération bénie de la mondialisation heureuse. Mais ce doux rêve ne s’est pas réalisé. Mise à part une « génération Erasmus » ou « génération Macron », qui a su et pu profiter de la mondialisation -mais qui reste bien minoritaire-, nous sommes en face d’une génération qui a grandit dans toutes les crises, et qui s’est construite par rapport à ces crises.

Cette génération de la fracture comporte en elle de nombreuses et grandes différences. J’ai identifié trois générations de l’identité malheureuse, qui sont en fait trois nuances d’un même terreau :

* la génération des immigrés et français issus de l’immigration des banlieues, que j’ai nommée la Génération Dieudonné.


* la génération des « petits blancs » de la France périphérique que j’appelle la Génération Zemmour.


* la génération née de la Manif pour tous, plus aisée que la précédente, que je nomme la Génération Michéa.


La Génération Dieudonné se considère comme victime et a tendance à haïr la France et à vouloir se venger. Dans le pire des cas, ses jeunes se tournent vers le Djihad ou l’Islam radical qui fait office d’identité de substitution. Cette génération désintégrée traduit la faillite de l’héritage : c’est une génération qui fait sécession. Un chiffre ? Une étude de l’Institut Montaigne révèle que 20% des musulmans français reconnaissent la Charia avant les valeurs de la république, chez les jeunes ce chiffre grimpe jusqu’à 50%.


La Génération Zemmour est celle des « petits blancs » de la France des périphéries. Cette génération s’est construite en miroir et en réaction à la Génération Dieudonné. En 2005, elle a vraiment commencé à se politiser avec le référendum sur la constitution européenne, en développant un discours critique sur l’Europe. Puis les émeutes des banlieues ont exacerbé son sentiment de subir la violence et la communautarisation, ce qui a entraîné l’expression d’un fort besoin de protection et de valorisation de l’identité française.


La Génération Michéa, du nom du philosophe Jean-Claude Michéa, penseur d’une gauche radicale et anticapitaliste faisant le lien entre libéralisme économique et libéralisme culturel. Cette génération est complexe, structurée en partie par des mouvements comme la Manif pour tous, les Veilleurs, ou Sens Commun. Elle a en commun avec la Génération Zemmour l’attachement au patriotisme et à l’identité française, mais en diffère notamment par son origine socio-économique, cette génération appartenant généralement à une jeunesse aisée, composée essentiellement d’une bourgeoisie de province qui a l’impression que ses valeurs sont méprisées.

Ma volonté a été de leur donner véritablement la parole. En ce sens, je n’ai pas réinterprété leurs propos et ai préféré les citer autant que possible. C’est sur ce socle, sur leurs mots, que je me suis attaché pour bâtir mon travail d’analyse et de prospective.

Aussi diverses soient-elles, ces générations sont les fruits des fractures françaises, sont en quête de sens, expriment un besoin d’appartenance et le refus d’une globalisation deshumanisante.


Je vois deux options de scénarii envisageables :


- un « suicide français ». En l’état actuel des choses, c’est malheureusement l’hypothèse, à mon sens, la plus probable. La France étant de moins en moins une et de plus en plus divisible, pèse sans conteste le risque de la partition. Cela prend la forme d’un conflit de basse intensité, de la multiplication de zones de non-droit, de l’absence d’unité nationale et d’une sorte de nouvelle féodalité, instituée entre les grandes villes des populations nanties et favorisées et les quartiers et villes oubliées où règnent un autre ordre social.


- un « réveil français ». Réveil qui serait porté par une jeunesse qui se ré-idéologiserait. Aux lendemains du 13 novembre, on a assisté au retour d’une certaine forme de patriotisme, au retour de l’idée de la nation, du soucis du Bien commun… savoir si cela va continuer ?

Nous sommes à la croisée des chemins. La nécessité première est de refaire ce qui a été défait. C’est le travail de cette génération. Reste à savoir si elle va le faire.




Quatre Questions pour éclairer le futur :


Quel est le fait/l’événement récent qui vous laisse le plus d’espoir ? 

Sans aucun doute, le Brexit ! C’est bien la preuve que tout n’est pas joué d’avance et que le souverainisme fait aujourd’hui sens.


Quelle est la personne (homme/femme politique, écrivain, homme/femme d’affaires…) dont les paroles vous paraissent les plus porteuses ?

Je pense à Christophe Guilluy, géographe et consultant, qui s’est particulièrement interessé à la « France invisible ». Son travail est fondamental, on n’a pas fini d’en parler je pense que l’élection présidentielle française va valider ses thèses.


Quel est le livre ou le film que vous nous conseillez de lire ou de voir, pur enrichir notre perception du futur et de ses enjeux ? 

Lisez justement les travaux de Christophe Guilluy, dont Fractures françaises, paru en 2010, La France périphérique, paru en septembre 2014, et son dernier livre, Le crépuscule de le France d’en haut, paru en 2016, qui annonce le retournement.


Quel conseil personnel pourriez-vous nous donner pour préparer l’avenir ? 

Je ne suis pas un coach personnel, mais, en un mot, si j’avais deux conseils à donner : gardez espoir et lisez Figaro Vox !


Retrouvez ici la critique de Culture-Tops sur le dernier livre d'Alexandre Decchio: 


Evénement organisé en partenariat avec :





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