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OPÉRATION BARKHANE ET L'AVENIR DE LA ZONE SAHÉLO-SAHARIENNE

Dernière mise à jour : 1 août 2019

Conférence-débat, organisée en partenariat avec l'Association Minerve,

le 18 mai 2017, à l'École Militaire


L'opération Barkhane a succédé le 1er août 2014 à l'opération Serval. Déployant environ 4.000 militaires, elle a pour objet, en partenariat avec les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), de contribuer à assurer la sécurité de la région en maintenant une pression très forte sur les groupes armées terroristes. Au terme, désormais tout proche, de trois ans d'opération, le moment parait venu de faire le point sur la situation sécuritaire et diplomatique prévalant dans cette zone particulièrement sensible.


Avec

 

Rémi MARÉCHAUX, ancien ambassadeur au Kenya, directeur d'Afrique et de l'Océan indien au Ministère des Affaires étrangères et du Développement international.

Général Patrick BRÉTHOUS, ancien commandant de la force Barkhane, chef du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) à l'État-major des armées, Ministère de la Défense.


-   Avec toutes nos excuses, ce compte-rendu intégrera uniquement

l'intervention du Général Patrick BRÉTHOUS   -


Général Patrick BRÉTHOUS


BARKHANE : opération majeure de l’armée française.

L’opération BARKHANE a été lancée en 2014, à la suite de l’opération SERVAL et fusionnant avec l’opération ÉPERVIER, afin de poursuivre la lutte contre les groupes armés terroristes (GAT) dans l’ensemble de la bande sahélo-saharienne (BSS). Elle se déroule en partenariat avec les pays du G5 Sahel, comprenant cinq pays : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad, qui accueillent des troupes françaises dans le cadre d’accords de coopération opérationnelle.


L’objectif premier de Barkhane est la lutte directe contre les groupes terroristes afin de réduire leur capacité de nuisance et de leur dénier toute liberté d’action. Ils sont poursuivis dans leurs zones refuge, aux confins du Sahara, du Nord Mali jusqu’au Nord Niger, et le long des frontières entre les pays du G5, par des opérations militaires de coopération transfrontalières (OMCT)


Ces opérations se déroulent donc dans des espaces immenses, la zone fait environ 4500km de front sur 1500 km de profondeur, pour l’essentiel en zone désertique, jusqu’au plus près des frontières sud de l’Algérie et de la Libye. Ces territoires composés de dunes de sable se modifiant avec le vent, de pistes plus ou moins en bon état, de déserts à perte de vue et enfin de regs cassants, sous une chaleur épouvantable demandant aux hommes un effort constant, et faisant aussi énormément souffrir les véhicules et matériel .


Au total, les moyens français comptent près de 4000 hommes, 200 véhicules logistiques, 200 véhicules blindés, 8 avions de combats, 10 avions de transport, 20 hélicoptères, 5 drones.


Le dispositif est réparti comme suit :


Au Tchad, un poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT), à la disposition du commandant de la force (COMANFOR) est installé au camp Kossei à Ndjaména, bien connu de l’armée française. On y trouve aussi des forces aériennes (chasseurs et transporteurs) des forces terrestres et de la logistique.


A Niamey au Niger, une base aérienne compte chasseurs, transporteurs et moyens de renseignement (drones Reaper)


Au Mali, un général représente le COMANFOR auprès des autorités locales et multinationales (MINUSMA, EUTM). A Gao, sur le bord du fleuve Niger et aux portes du désert, le gros de la force aéroterrestre est basé. A partir de ce point d’appui, les forces opèrent dans tout le Nord et le centre du Mali.


D’autres forces sont déployées à Ouagadougou au Burkina Faso, à Atar en Mauritanie.


Des bases avancées plus au Nord permettent d’opérer dans la durée afin de ne laisser aucun répit aux djihadistes : Tessalit et Kidal au Mali , Madama au Niger ou Faya-Largeau au Tchad.


L’opération s’appuie aussi sur les forces prépositionnées au Gabon, en côte d’Ivoire et au Sénégal, assurant l’instruction opérationnelle des forces africaines du G5 et de la MINUSMA et servant de base arrière logistique comme Abidjan.


La logistique est capitale et des prouesses extraordinaires sont accomplies aux quotidien pour acheminer dans le désert jusqu’à 15 litres d’eau par homme par jour, rations de combat, munitions, carburant, pièces de rechange et soutien santé au plus près des combats.


Face à cet ennemi disséminé et caché et du fait de l’immensité de la zone d’engagement, il est impératif d’avoir du renseignement avant tout engagement. Travail de longue haleine et permanent, il combine tous les moyens (renseignement humain, électro-magnétique, d’imagerie) et bénéficie de l’appui des alliés africains et occidentaux.


Depuis 4 ans, les djihadistes ont subi de nombreuses pertes, tués et capturés, beaucoup ont abandonné les armes au profit de l’accord de paix au Mali. Ils ne comptent plus que quelques centaines de combattants disséminés dans le désert, et fuient vers des bases arrières installées en Libye et en Algérie, et se terrent parmi la population. Ils ne se déplacent plus en groupe, ni sur des pick-up armés. De très nombreuses caches pleines d’armes et de munitions ont été démantelées et détruites au Nord Mali, des interceptions de convois ont permis de nombreuses saisies (armes, drogue, espèces,…) et d’entraver les flux transfrontaliers ente Lybie et Mali.


Ils conservent toutefois une capacité de nuisance sporadique, évitant toujours le combat contre Barkhane et visant des cibles plus faciles : troupes de l’ONU, unités de gardes nationales isolées ou civils dans les capitales par de lâches attaques terroristes. Depuis quelques mois, ils agissent dans la boucle du Niger où Barkhane les combat avec les forces armées maliennes (FAMA).


Il faut poursuivre cette traque afin de les surprendre. Pour cela Barkhane varie ses modes d’action, combine ses moyens en réalisant des opérations de longue durée, des opérations coup de poing, des opérations aéroportées, héliportées, des forces spéciales, et avec les troupes des pays du G5.


L’opération BARKHANE a déjà obtenu des résultats importants, nous permettant ainsi de protéger notre pays de la menace djihadiste au loin et de renouer des liens forts avec les pays du G5 en les aidant à prendre en compte leur propre sécurité. Mais la solution militaire est insuffisante. Cet engagement militaire, qui est accompagné par l’action diplomatique pour appuyer la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation au Mali, doit aussi être soutenu par un effort coordonné de la communauté internationale au développement de ces pays dans tous les domaines (éducation, gouvernance, infrastructures, économique,…). Après la guerre, il nous faut gagner la paix afin de détourner ces peuples d’une nouvelle tentation djihadiste et d’une émigration mortifère. L’association du G5 est pour cela le bon point d’appui au profit des peuples sahéliens.



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