Compte rendu de la conférence d’Olivier Zajec aux Éclaireurs du Futur,
le 27 février 2018 à l’Hôtel de l’Industrie
Le Président du Forum du Futur, remercie Olivier Zajec d’avoir accepté de présenter son ouvrage « FRONTIERES : des confins d’autrefois aux murs d’aujourd’hui », dans le cadre des « Eclaireurs du Futur ».
Ce cercle de rencontres, initiative conjointe du Forum du Futur et de Culture-Tops, a vocation à mettre en valeur des auteurs identifiés comme porteur d’une vision constructive et tournée vers l’avenir, critères auxquels satisfait pleinement Olivier Zajec avec son ouvrage « FRONTIERES ». Cette initiative est co-parrainée par « la Société d’encouragement pour l’industrie nationale » et par l’association « SYNOPIA nouvelle gouvernance ».
Yves Boyer, directeur scientifique du Forum du Futur, présente Olivier Zajec et son ouvrage.
Olivier Zajec, dans son exposé met en évidence les enjeux, présents et à venir, des frontières de toutes natures qui structurent les sociétés humaines. A l’issu de son exposé il répond à quelques questions de la salle.
La chronique du livre, publiée sur le site de Culture-Tops, validée par Olivier Zajec et distribuée aux participants, est jointe au présent compte rendu.
Fiche de lecture de Jean-Noël Dibie
Frontières.
Des confins d’autrefois aux murs d’aujourd’hui.
Olivier Zajec
CHRONIQUE Editions
THÈME
Cet ouvrage, richement documenté, pose la problématique des frontières, sous trois angles : politiques, identitaires et prospectifs
L’approche politique évoque, notamment, les limes de Rome, barrières aux confins de l’Empire, souvent naturelles, parfois fortifiées, comme la Grande Muraille de Chine, édifiées depuis le VIIème siècle av. J.C. jusqu’au 16ème de notre ère. Ces frontières avaient la double vocation de protéger contre les agressions extérieures et d’affirmer une culture identitaire. Il en sera de même des marches de l’empire des Habsbourg rempart contre « La Sublime Porte », comme de l’installation, par Vauban, de la nation française dans son « Pré carré ». Les frontières politiques sans fondements cultuels font le plus souvent long feu, à l’exemple, de la ligne de démarcation dans la France occupé, ou du « Rideau de Fer » qui, un temps, installa l’Est de l’Europe dans un glacis.
La deuxième partie, analyse l’interaction entre le phénomène frontalier et le concept identitaire. Dans la continuité de la mythologie grecque et latine, qui sacralise la frontière, les papes ont souvent été appelé à arbitrer des conflits frontaliers entre royaumes souverains, y compris au-delà de leurs territoires, à l’exemple de la délimitation des possessions coloniales Espagnoles et Portugaises. Jusqu’à la monté en puissance des Etats nations, la multiplicité des frontières européennes n’a pas entravé la circulation des hommes. L’attachement des français à leurs cultures locales et régionales transparait dans le découpage administratif gigogne. Toutefois, identité culturelle et territoire ne vont pas toujours de pair. La Pologne, culturellement très homogène a vu ses frontières régulièrement bafouées. En Belgique, deux cultures coexistent, parfois difficilement. Belfast est divisé par des frontières urbaines, à l’initiative de sa population, culturellement partagée. Dans son découpage, l’auteur, préalablement à la problématique des frontières géographiques et culturelles de l’Europe, et au nécessaire redécoupage du Moyen-Orient, présente deux visions stratégiques du monde. Celle de Richard Coudenhov- Kalergi proposant, au sortir de la première guerre mondiale, un découpage en cinq confédérations : l’Asie centrale, la Confédération Russe, la confédération Britannique, la Pan Amérique et la Pan Europe, une Europe des nations de l’espace continental. Celle de Samuel Huntington qui publie, au début des années 90, « Le choc des civilisations ». Il y affirme qu’en matière de relations internationales, le phénomène le plus structurant n’est plus l’idéologie mais l’identité, ce qui expliquerait, la monté des intégrismes religieux, notamment l’islamisme.
La troisième partie, « Frontières des nouveaux espaces », traite des défis frontaliers qui résultent, tant de l’accroissement des flux migratoires menaçant l’Europe de Schengen, que de la dynamique de conquête de nouveaux espaces physiques, sous-marins ou extra-atmosphériques, mais aussi virtuels, le cyber espace. Les relations internationales, qui gèrent déjà un espace non matérialisé, l’espace-temps, vont devoir encadrer la communication en réseau mondialisé. Ces cyber-échanges, dématérialisés, nécessitent une colonne vertébrale physique – point d’accès, centres de données, serveurs, routeurs…-, ainsi que des vecteurs de transports, pour l’essentiel des câbles interconnectés, autant d’infrastructures physiques localisés dans un territoire relevant d’une autorité politique. Pour l’auteur, « la géopolitique des tubes », nouveau challenge frontalier, est partie du questionnement de la souveraineté nationale. En occident, la vie politique tend à se polariser sur une mondialisation générant de nouvelles frontières entre « centres », hyper-urbains de plus en plus connectés, et « périphéries », territoires atones éloignés des zones d’emplois.
POINTS FORTS
L’approche impressionniste, permet d’aborder la problématique frontalière, en quelques cinquante cas pratiques documentés, sans perdre le fil rouge de l’œuvre : les frontières permettent la paix commune, par la garantie des souverainetés.
La cartographie et les illustrations enrichissent la démonstration et aident à la réflexion.
POINTS FAIBLES
Je n’en ai pas trouvé, dés lors que cet ouvrage est reçu comme un excellent travail documentaire proposant au lecteur des pistes de réflexion.
EN DEUX MOTS
La publication de cet ouvrage, qui rappelle l’historique du concept politique et culturel de frontières et donne à voir le paysage géopolitique avec ses lignes de fuite, vient à point nommé répondre aux tenants de la doctrine du « no border » mettant en cause les équilibres géopolitiques, au prétexte d’une mondialisation, qui ne bénéficie qu’à quelques-uns.
TROIS EXTRAITS
Page 24. « Le verrou du Bosphore définitivement et pleinement forcé, la frontière de l’Europe recule provisoirement de Constantinople à Vienne, pour plus de cinq siècles. »
Page 30. « L’œuvre de Vauban n’est pas seulement celle d’un ingénieur… Elle trahit aussi la pensée d’un grand et profond politique, attentif à la géographie humaine et aux équilibres géopolitiques. »
Page 171. « Le divorce des perceptions sociales et culturelles entre centres et périphéries d’un monde interdépendant et globalisé tend à stimuler une prolifération étatique et frontalière en devenir… »
Evénement organisé en partenariat avec :
Notre ambition: donner la parole aux porteurs de trajectoires d’espérance !
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