Conséquences et scénarios possibles d’évolution
Cette demi-journée d’étude à eu lieu le mercredi 16 mai 2018 à la Faculté de droit Panthéon Sorbonne
Jean de Ponton d’Amécourt, président du Forum du Futur, remercie le professeur Sur du précieux concours apporté par le Centre Thucydide à l’organisation de cette demi-journée d’étude. Non sans déplorer les aléas du calendrier faisant que nombre de participants ont été empêché du fait de grèves, il présente les quatre intervenants.
– Yves Boyer, professeur émérite de l’Ecole polyethnique, directeur scientifique du Forum du Futur
– Mikaël Clévenot, docteur en économie, maître de conférence – Université de Bourgogne, chercheur à l’Université Paris 13, auteur de « Quand les crises reviennent » (Flamarion 2016)
– Hans Stark, docteur en sciences politique, professeur des Universités, Secrétaire général du CERFA-IFRS, professeur de civilisation allemande contemporaine à Paris-Sorbonne
– Antoine Bondaz, docteur en sciences politique, chargé de recherche FRS, chercheur Asia Center, « visiting fellow » au centre Carnegie Tsinshua de Pékin.
1ère séance
Yves Boyer « La scène intérieure américaine et le durcissement de l’administration Trump en matière d’échanges commerciaux internationaux ».
Au moyen de quelques diapos, Yve Boyer rappel l’historique de la tradition protectionniste des Etats Unis d’ Amérique.
Le retour au protectionnisme
Le président Donald Trump, s’inscrit dans la tradition des Etats Unis d’Amérique en revenant à la doctrine protectionniste des « pères fondateurs ». Celle-ci avait été mise entre parenthèse, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, par le leadership des américains sur la mondialisation du commerce, organisée par l’OMC. Ce revirement, ne relève pas d’un coup de tête du président Trump mais de pressions de politique intérieure du fait des menaces, induites par la libéralisation du commerce, sur la sécurité intérieure des Etats-Unis. Déjà, Nixon en 1971 et Obama, avaient cédé au protectionnisme face aux pressions commerciales excessives du japon.
La doctrine Protectionniste
L’un des principes fondamentaux des Etats-Unis d’Amérique est que tout accord commercial doit contribuer à la croissance américaine. Aussi est-ce légitimement que l’administration américaine, constatant le ralentissement de la production intérieure, dénonce des accords commerciaux aux fins de protéger le pays contre les importations en provenance de Chine, des pays de l’ALENA ou d’Europe. Certes, tous les américains ne sont pas favorables à la substitution du principe « América alone » à celui de « América first », mais c’est là une tendance de fond. Les réserves sur le libre échange, exprimées par les républicains et nombre de démocrates, guident, aujourd’hui, la politique extérieure des Etats-Unis.
Mikaël Clévenot, « L’évolution interne des économies européennes et son impact sur l’attitude de l’UE en matière de relations commerciales internationale »
Avec quelques diapos, l’intervenant introduit le contexte.
Les négociateurs américains qui usent à loisir d’atermoiements et de menaces satisfont à un objectif : la défense des intérêts américains. Pour autant, le jeu du commerce international, par nature jeu à somme positive, ne peut perdurer qu’à la condition que chaque jouer y trouve sa place afin de satisfaire au mieux à ses intérêts. Cela s’avère de plus en plus complexe, dés lors qu’il ne s’agit plus d’échanges matières premières / produits finis, mais produits finis / produits finis. Cette évolution, qui conduit à concentrer les industries de transformations dans les pays les plus compétitifs, induit une spirale protectionniste. Or, la production nationale ne peut longtemps se satisfaire de mesures de rétorsion et/ou de droits élevés, aussi, le politique est-il alors tenu de rééquilibrer les échanges.
Les statistiques révèlent une tendance à la stabilisation du commerce international, dont bénéficie la Chine, portée par son marché intérieur.
Le leadership américain sur le commerce international, comme celui de la Grande-Bretagne après la 1ère guerre mondiale, est remis en cause. Cela alors que les Etats Unis sont fragilisés par la surévaluation du dollar et l’afflux massif de capitaux étrangers, notamment chinois. En outre, faute de protections efficaces de la propriété intellectuelle, ils risquent d’être déclassés dans la révolution digitale.
Faut-il revenir sur l’un des crédos de la seconde partie du 20ème siècle : le libre échange est une garantie contre la guerre économique, prélude à la guerre ? N’est-ce pas refuser d’admettre que les déséquilibres présents sont le fait, non du libre échange, mais de la non régulation de l’économie mondiale aux fins d’une répartition équitable des bénéfices
Dans cette dynamique, l’Europe, doit trouver des parades politiques aux ambitions des américains, des chinois et autres pays industriels d’Asie. Mais, est-elle en mesure d’affirmer une souveraineté européenne ?
Pour illustrer la complexité de ce challenge, l’intervenant a retenu un exemple, celui l’industrie automobile en Iran. Face au dictat américain, la France qui fabrique des automobiles en Iran exporte peu de voiture aux USA, et l’Allemagne qui ne produit pas de voiture mais en vend beaucoup aux Etats-Unis, peuvent-elles avoir une position commune ?
A l’issu de cet exposé un participant fait valoir qu’il ne faut pas oublier l’approche financière des échanges internationaux, notamment, avec le Chine qui s’impose comme un investisseur majeur. Le débat souligne que le cadre de la comptabilité souveraine de l’après guerre ne permet pas de bien évaluer ces données financières, devenues essentielles.
L’idée est lancée d’un prochain colloque sur cette problématique.
2ème séance
Hans SWtark « L’Allemagne face à la politique commerciale de l’administration Trump ».
L’Allemagne, du fait de sa forte implantation à l’Est, est plus concernée que la France par la dégradation du lien transatlantique.
Depuis les années 60, marquées par la guerre du Vietnam, les relations germano-américaines encadrent la politique de l’Allemagne, keynésienne jusqu’au second choc pétrolier de 1979. L’antiaméricanisme de la jeunesse allemande des années 80 a du combiner avec le soutien américain, massif, à la réunification de l’Allemagne. En 1991, l’Allemagne ne s’est pas engagée aux côtés des américains dans la « guerre du Golfe »…
Ces dernières années, Obama était perçu par les allemands comme l’homme de la NSA et des GAFA. Pour autant, dés le début des années 2000, nonobstant les réserves allemandes sur l’ultralibéralisme, les échanges commerciaux de l’Allemagne avec les Etats-Unis d’Amérique sont très largement excédentaires. Donald Trump, plus ouvertement que Barak Obama, fait reproche à l’Allemagne de profiter, sans contrepartie, du parapluie nucléaire américain. Aussi, exige-t-il que les allemands investissent 2% de leur budget dans la défense, 0,3% actuellement.
L’Allemagne est-elle « le maillon faible » de l’alliance atlantique ?
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